De ou Des devant un mot au pluriel


De ou Des devant un mot au pluriel

Lorsque la forme AFFIRMATIVE contient un COD ou un SUJET RÉEL introduits par l’article INDÉFINI (un, une, des) OU par l’article PARTITIF (du, de la, des), l’article se transforme en DE lors du passage à la forme NÉGATIVE.
* Il a UN ami / UNE amie. → Il n’a pas D’ami / D’amie.
* Il a DES amis. → Il n’a pas D’amis.
* Je bois DU vin et DE LA bière. → Je ne bois pas / jamais / guère DE vin ni DE bière.
* Vous ne m’avez jamais fait DE peine. (Proust)
* Il ne faut pas dire DE mal des serpentins. (Brasillach)
* Ne faites-vous jamais DE projets d’avenir ? (Green)
* Il n’y a pas DE grandes personnes. (Malraux)
➤PAR EXTENSION, ON FAIT LA MÊME CHOSE :
➥1 APRÈS SANS, LORSQU’UN MOT EST INTERCALÉ ;* Sans PLUS DE baigneurs ni DE touristes, la petite ville reprenait son aspect authentique. (Gide)
* Sans JAMAIS DE curiosité menue et puérile. (Sainte-Beuve)
* Sans PRESQUE D’efforts. (Bourget)
* Sans PRESQUE DE comparaison possible. (La Varende)
A CONTRARIO : Sans comparaison possible. Sans baigneurs ni touristes. Sans efforts.
➥2 DANS DES PHRASES AVERBALES ;* Nulle part DE terrain solide. (Siegfried)
➥3 DANS DES PHRASES DE SENS NÉGATIF.* Fut-il jamais DE temps mieux employé ? (Stendhal)
* Impossible de lui donner D’âge. (Jouhandeau)
➤LA TRANSFORMATION N’AMÈNE PAS DE CHANGEMENT :
➥1 SI LA PHRASE A UN SENS POSITIF ;* N’avez-vous pas DES amis pour vous défendre ? (= Vos amis devraient le faire.)
* On ne saurait faire une omelette sans casser DES œufs. (Académie) (= On en casse nécessairement.)
➥2 SI LA NÉGATION EST « NE… QUE » ET ÉQUIVAUT DONC À « SEULEMENT » ;* Je ne bois que DE L’eau. (= Je bois seulement DE L’eau.)
➥3 SI LA NÉGATION NE PORTE PAS RÉELLEMENT SUR LE NOM ;* On n’y voyait presque jamais DES barques de pêche. (Benoit) (→ Les barques qu’on voyait n’étaient pas des barques de pêche)
* Je n’ai pas amassé DES millions pour envoyer mon unique héritier se faire casser la tête en Afrique. (Augier) (→ J’en ai amassé, mais pas pour cela.)
➥4 SI LE SYNTAGME NIÉ S’OPPOSE À UN AUTRE SYNTAGME DE MÊME FONCTION ;* Je n’ai pas demandé DU vin, mais DE LA bière.
* Nous ne disons pas DU mal de lui. (Ionesco) (Opposition implicite : Nous disons du mal des autres.)
➥5 PAREILLEMENT AVEC L’ATTRIBUT.* C’est UNE amie. → Ce n’est pas UNE amie.
* Ce n’est pas DU vin ni DE L’eau.
➤QUATRE REMARQUES
➥1 NUANCE DE SENS.* Il parle sans faire DE fautes. (= Il n’en fait pas)
* Il ne peut parler sans faire DES fautes. (= Il en fait.)
➥2 QUAND LE COD SE CONSTRUIT SANS ARTICLE À L’AFFIRMATIVE, LE DE N’APPARAÎT PAS À LA FORME NÉGATIVE.* N’avez-vous pas HONTE ? (Montherlant)
* Il ne m’a pas cherché QUERELLE.
On rencontre cependant parfois le DE, à un niveau littéraire assez recherché.
* N’avez-vous pas DE honte ? (Hugo)
➥3 On ne confondra pas la forme réduite DE avec la préposition DE :* Une corbeille garnie DE rubans. (<- de="" des="" font="" garnie="" rubans="">
* Une coupe remplie DE vin. (<- de="" du="" font="" remplie="" vin="">
* Une tasse DE café. (<- caf="" de="" du="" font="" tasse="" une="">
L’article disparaît par « HAPLOLOGIE » (tamponnement de mots, comme dans tragicomique au lieu de tragicocomique). Seule reste la préposition DE.
➥4 L'article DEFINI ne subit aucune transformation.* J'aime LES pièges de la grammaire. → Je n'aime pas LES pièges de la grammaire.
SOURCES : Grevisse, Riegel, Denis-Sancier.



Font Size
+
16
-
lines height
+
2
-