Les jeunes enseignants se sentent souvent désarmés face
à l’indiscipline et au chahut. Nous avons recueilli pour vous conseils
et témoignages de tous horizons. Des pistes pour faire bloc
avec l’équipe éducative et les parents, tout en optimisant votre
engagement.
1- Faites bloc avec l’équipe éducative
Beaucoup de jeunes enseignants éprouvent un sentiment
de grande solitude face à leurs problèmes de gestion de classe.
Ce n’est pas du tout ce que prévoit l’Éducation nationale, pour
qui un établissement doit être doté d’un projet, d’une équipe
et d’un règlement.
Sur ce chapitre, le chef d’établissement a une responsabilité
particulière de chef d’orchestre. Vous êtes en droit d’exiger une vraie
implication de sa part, tout comme il s’attend à pouvoir compter
sur vous.
Faites connaissance avec chaque membre de l’établissement:
collègues, infirmières, agents, équipe de direction… L’équipe que
vous formez ne doit jamais être prise au dépourvu. Toutes les
situations doivent pouvoir trouver une issue. Faites part de vos
difficultés, écoutez celles des autres. Soyez solidaire, faites bloc!
2- Les parents sont vos alliés
« L’école est actuellement dans une
situation qui nécessite d’importants changements.
Vouloir continuer sans le soutien et
même la participation des parents […] serait
– au regard des dangers repérés.
» Dans son rapport de 2015, Georges
Fotinos souligne combien les parents sont
membres à part entière de la communauté
éducative, tout en notant que 46 % d’entre
eux estiment que les enseignants ne font
pas l’effort nécessaire pour avoir une relation
positive avec eux .
« Établir un bon premier contact avec les
parents d’élèves » est le premier des Cinq
conseils pour une rentrée réussie.
3- Ayez toujours un coup d’avance
Les élèves ne doivent pas découvrir le règlement
intérieur de la classe au moment de recevoir une
punition. Dès la première heure de cours de l’année,
vous devrez donc consacrer plusieurs minutes
à expliquer clairement les droits et devoirs de chacun.
Sans oublier les vôtres! Rappelez aux élèves la
raison de votre présence devant eux et l’intérêt de
la matière que vous enseignez, tracez les grandes
lignes du programme de l’année…
Tant que vous n’êtes pas familiarisé avec le fonctionnement
de l’établissement, vous devez veiller
à arriver en avance. Vous disposez ainsi de temps
pour vérifier que le matériel prévu pour la journée
est présent et en ordre de marche.
4- Travaillez vos postures, gestes et voix
Un enfant a besoin de bouger, de courir,
de rire… Rien n’est moins naturel
que de l’enfermer dans une salle, sous
l’autorité d’un enseignant qui doit capter
son attention intensément, avec un
nombre limité de pauses! C’est pourquoi
ce face-à-face avec une classe repose
énormément sur l’attitude corporelle
de l’enseignant: ses gestes, son tonus,
sa capacité à occuper l’espace, sa voix,
sa distance et sa proximité…
Dès l’entrée dans la classe1
, gardez en
tête l’image du dompteur, qui attend
de capter l’attention de ses fauves
avant d’obtenir d’eux ce qu’il va exiger.
Certains enseignants procèdent
ainsi: ils bloquent physiquement la
porte et exigent le calme avant l’entrée
dans la classe. Une technique qui
a fait ses preuves!
5- Fixez les limites
Tous les enseignants ont leur propre seuil de tolérance
en matière de bruit, d’agitation ou même de niveau
de langage… Y compris face à l’insulte: certains enseignants
exigeront que le fautif passe en conseil de discipline, d’autres
seront plus « coulants ».
Exigez-vous qu’un élève lève le doigt et attende votre signal
pour prendre la parole? À vous de fixer les limites: la classe est
votre domaine, vous êtes maître à bord dans le respect de la loi
et du règlement intérieur. Ce point doit être très clairement
explicité aux élèves, et répété autant de fois que nécessaire.
Si vous souhaitez le silence absolu pendant vos cours, il faut
le signifier. Dès avant l’entrée en classe: tenez-vous à la porte,
faites aligner les élèves et attendez qu’ils fassent silence pour
les laisser entrer. Mais que se passe-t-il si un brouhaha reprend
pendant la séance? Arrêtez-vous votre cours ? Tapez-vous
sur la table? Punissez-vous le ou les fautifs ? Rappelez-vous
les règles exposées en début d’année?
6- Faites participer tous les élèves
L’enseignement différencié, adapté au niveau
de chaque élève composant la classe, est un
impératif. Il a été renforcé par l’abandon du
redoublement et par l’adoption de la loi sur
l’inclusion scolaire des élèves en situation
de handicap (2005). Réussir cet exercice difficile
contribuera grandement à votre titularisation!
Au-delà, vous devez obtenir la
participation de tous vos élèves.
Dans son récit, Toy - B insiste
sur les avantages suivants:
✔ un professeur a souvent l’impression
que son cours est réussi si des élèves
ont participé et ont donné les bonnes
réponses;
✔ interroger un élève qui bavarde est un
bon moyen de le faire taire sans avoir à
le rappeler à l’ordre sur le bavardage.