Expressions à éviter pour parler un français académique

Les expressions «suite à » et «malgré que» sont courantes mais est-il vraiment correct de les employer ? Le français regorge de subtilités et petits pièges. Lettres et langue française vous propose, grâce à l'Académie française, cinq points clés pour retrouver, à l'écrit comme à l'oral, votre chemin dans son dédale de règles.

●  Pas de «Suite à»
S'il n'est plus assez «in» aujourd'hui d'employer les mots «homme d'affaires» pour parler de «businessman» ou «stratégie pour vendre un produit» en lieu et en place de l'anglicisme «merchandising», il n'est pas non plus assez tendance de céder à la mode de certaines expressions peu élégantes. La construction «suite à» très usitée en fait partie. À tort tronquée par l'usage, celle-ci peut être heureusement remplacée selon l'Académie, par sa formule complète: «À la suite de».
● «Malgré que»
Attention danger! La locution conjonctive ne peut exister qu'employée avec le verbe «avoir» conjugué au subjonctif. L'Académie française donne les exemples suivants: «Malgré que j'en aie ; Elle ne put cacher son dépit, malgré qu'elle en eût ; etc.»
N'est pas permis donc, ou peu envisageable si l'on se veut d'être correct, d'employer l'expression «malgré que» avec un autre verbe que l'auxiliaire avoir. On évitera ainsi de dire «malgré que je sois» ou d'utiliser la locution conjonctive à la place de «bien que» et «quoique».
●  «Avoir beaucoup de choses à penser»
La formule est malheureuse et pourtant très répandue. Tout le monde «a beaucoup de choses à penser», et il est difficile se concentrer sur une pensée noyée dans beaucoup de choses. Alors que faire? L'Académie française a réfléchi sur le verbe polysémique et deux sens sont, selon elle, acceptables.
Lorsque le verbe penser se retrouve lié à un complément direct et prend le sens de «concevoir par la pensée» mais aussi, et enfin, quand il dispose d'un complément indirect pour signifier: «prendre pour objet de réflexion», «avoir l'esprit occupé par quelqu'un ou quelque chose».
Pour le reste, l'utilisation du verbe penser est à proscrire. À «j'ai beaucoup de choses à penser», il sera ainsi préférable de dire: «Il y a beaucoup de choses auxquelles je dois penser».
●  «Descendre en flèches»
Souvent utilisée dans les médias pour parler d'un livre qui s'est fait descendre par la critique ou dans le monde de la finance pour imager la courbe du chômage et les cours de la bourse, l'expression «descendre en flèches» est pourtant bien fautive.
Elle est le résultat, nous apprend l'Académie, d'un mélange malheureux de deux locutions: en flèche et descendre en flammes, qui bien loin de l'univers médiatico-financier, faisaient à l'origine référence à des armes et des combats aériens...
● «De par»
Seul le roi serait en capacité aujourd'hui d'utiliser l'expression. Signifiant littéralement «de la part de», «au nom de» nous explique l'Académie française, la locution vieillie n'a plus aucun autre sens aujourd'hui que «en quelque endroit de».
Il n'est donc pas souhaitable d'utiliser l'expression dans le sens de «du fait de». La phrase «De par ces circonstances, je peux dire que» sera ainsi incorrecte.



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